Originaire de la petite île calédonienne de Lifou, Simanë, arrive très jeune à Nouméa. Au quartier de Rivière-Salée, l’adolescent, qui hésite encore entre le vice et la vertu, découvre le hip hop, la danse et le rap, en suivant les traces des grands frères de l’association Yanness. Son chemin enfin trouvé, il rejoint UBC, l’Urban Breaker Crew, dans une Nouvelle-Calédonie qui s’ouvre elle aussi à la culture urbaine. Tour à tour, danseur, slameur, conteur, comédien, Simanë s’autorise toutes les expressions. Cet artiste de la curiosité, comme il se définit lui-même, va, au fil de ses rencontres et envies, élargir sa palette artistique avec un maitre mot : se réapproprier sa culture ancestrale. Avec un petit goût de paradoxe, c’est grâce à l’émotion du break, la poésie du slam – celui de Paul Wamo d’abord –, et les vidéos de street performance qu’il parvient à poser un autre regard sur sa culture kanak. Fils de petit chef de tribu, il recevra un jour la charge coutumière de son père. D’ici là, le jeune trentenaire met en perspective la rythmique trépidante de sa carrière d’artiste à Nouméa et l’énergie lente d’une vie héritée des ancêtres de Lifou.
© Ambre Bore