GENET - VIRIPAEV, ŒUVRES PARALLÈLES

stage d'interprétation sous la direction de Clément Poirée et Bruno Blairet

Choisir de travailler sur Genet et Viripaev au Théâtre de la Tempête, c’est permettre aux comédiens en formation de s’immerger dans un théâtre en pleine activité, en même temps que de se plonger dans deux répertoires vastes et riches et de se constituer un ensemble d’outils concrets.

Depuis plusieurs stages déjà nous concevons avec Bruno Blairet ces moments privilégiés comme des ateliers de pratique et d’expérimentation. Ce sont les auteurs et leurs œuvres qui nous conduisent à formuler et tenter de répondre aux questions spécifiques qu’ils soulèvent pour l’interprétation. Nous faisons le choix de confronter à chaque fois deux auteurs (Brecht-Claudel, Tchekhov-Levin, Shakespeare-Barker, Molière-Copi). Cette mise en parallèle s’est révélée passionnante, dialectique, curieuse. Elle ouvre un champ d’interprétation à la fois vaste et borné.

Aujourd'hui, après avoir monté Les Enivrés puis Les Bonnes, nous nous proposons de renouveler l’expérience des « œuvres parallèles » en choisissant de travailler sur deux théâtre-mondes avec Viripaev et Genet pour voir les scènes écrites par l’un succéder à celles écrites par l’autre, se confronter, se compléter, se contredire aussi.

C’est aborder deux modes d’interprétation bien distincts, qui font appel à des techniques très différentes. C’est aussi une plongée dans deux œuvres majeures avec une idée derrière la tête : l’une peut éclairer l’autre. Et vice versa.

Ce sont deux auteurs qui secouent chacun à leur manière corrompent les notions de réalité et de vrai en plongeant dans l’illusion et le faux-semblant. Tout deux s’appuient sur une langue musicale, organique et subversive. Deux voleurs en quête d’absolu.

Avec Bruno Blairet, nous aimerions approfondir le travail passionnant du geste et de la parole vive engagé au cours de nos expériences communes au plateau et lors de nos précédents stages. Nous pensons que chaque dramaturge appelle des techniques propres. Au travers d'exercices nous prêterons une attention particulière aux images, idées et sensations proposées par les textes et la manière de leur donner corps, de les rendre concrètes. Des outils donc, et non une méthode : nous voulons proposer une pratique ouverte plutôt qu’une esthétique.  Nous travaillerons sur la présence et la sensation, sur l’étonnement. Nous tenons à mener un stage boulimique avec un grand volume de scènes. Nous laissons le champ de nos deux répertoires ouvert. Les stagiaires proposent les scènes qu'ils veulent jouer. Leur désir est premier. Nous voulons nous mettre au service de la relation de l'acteur avec l'auteur. C’est Tchekhov, dans une lettre à Maxime Gorki du 3 janvier 1899, qui définit le mieux à mes yeux l’objectif exorbitant, presque inavouable, que nous nous fixons : Lorsque, pour un effet déterminé, on met en jeu le minimum de gestes, cela s’appelle la grâce…

Clément Poirée

Intervenants