L'histoire

C'est dans la lignée de ses prédécesseurs, avec le souci constant d'accueillir la diversité des esthétiques et les propositions contemporaines, que Clément Poirée entend s’inscrire depuis qu'il a pris la direction du Théâtre de la Tempête en 2017 : il y aura bientôt un demi-siècle, "la Cartoucherie a été rêvée et inventée – selon les mots de Philippe Adrien – non pas comme un équipement culturel parmi d'autres, mais comme un lieu de vie, d'expériences, et de création".

"Il n'était que projets", dira Laurent Terzieff de Jean-Marie Serreau, fondateur du Théâtre de la Tempête qui, dans les années 1950, avait fait connaître, rive gauche, un nouveau répertoire : Ionesco, Beckett, Adamov, Vinaver... avant de se tourner vers les cultures extra-européennes, mettant en scène notamment le dramaturge algérien Kateb Yacine ou encore Aimé Césaire dont il avait rejoint le combat anticolonialiste. C'est très logiquement que cet "architecte de la scène" – ainsi se nommait-il –, s'établit en 1971 sur le site de la Cartoucherie : "un hangar suffit", avait-il déclaré, et il l'avait nommé la Tempête, en hommage à Shakespeare et aussi à Aimé Césaire dont il venait de monter Une Tempête, adaptation pour un théâtre nègre. Il n'y présentera toutefois qu'un seul spectacle avant sa disparition en 1973 : Le Printemps des Bonnets Rouges.

Jacques Derlon, alors son administrateur, lui succédera et sera le directeur du Théâtre de la Tempête de 1973 à 1995, se donnant pour mission « d'accueillir des troupes de théâtre sans lieu d'implantation en Île-de-France, choisissant non pas des spectacles mais des partenaires. Pour moi, disait-il, le théâtre, c'est la vie des artistes, de ceux qui sont des découvreurs ».

La compagnie ARRT, atelier de recherche et de réalisation théâtrale, a été en résidence au Théâtre de la Tempête dès 1985 et Philippe Adrien a pu, chaque année, y présenter un spectacle avant de devenir lui-même, de 1995 à 2016, directeur du lieu : il y inscrit son souci "de faire partager sa passion pour la scène, ce lieu fabuleux où l'on peut faire entrer ce que l'on veut, au moment où l'on veut, matériellement et physiquement voire spirituellement". 

Accueil et création, répertoire et modernités, metteurs en scène confirmés ou nouvelles compagnies, rencontres et ateliers de formation : la diversité est revendiquée et fait acte d'identité.

 

Les anciens directeurs de la Tempête