Macbeth

  • Création 2019
Macbeth

de Shakespeare
traduction Jude Lucas
mise en scène
Clément Poirée

Macbeth est une œuvre au noir, occulte. Elle est auréolée d’une réputation inquiétante de pièce maudite. Il faut dire qu’on y convoque sous le couvert de la nuit rien moins que des sorcières, des esprits mauvais, des meurtres… Cette nuit qui « lutte avec l’aube », qui ne « voit plus le jour ». Cette nuit qui s’éternise et dans laquelle on plonge profondément, abolit le temps.
Les sorcières nous ont bien avertis : Macbeth sera roi mais ses enfants ne le seront pas ; Banquo n’aura rien, mais ses enfants seront rois. Dès que Macbeth décide de jouir du présent en entreprenant tout ce qui est nécessaire pour devenir roi, y compris le pire, le régicide, il se condamne au présent éternel. Il plonge dans une nuit sans fin et sans sommeil. « Ne dormez plus, Macbeth a assassiné le sommeil ».
Il est conduit par Lady Macbeth qui ne craint pas l’après, elle qui « voit le présent dans l’instant ». Elle exhorte son mari à être « plus qu’un homme » au-delà du bien et du mal, Macbeth dépasse par amour sa nature morale et son respect quasi filial envers le Roi Duncan, il renie son allégeance, ses amitiés. Il ne reste fidèle qu’à une personne, sa lady.
Shakespeare nous confronte à la grande tragédie humaine : nous ne pouvons vivre pleinement, aimer pleinement – Macbeth est une merveilleuse histoire d’amour – que si nous renonçons à la génération et donc à la civilisation. Être présent, c’est renoncer à l’histoire. Agir est une fatalité qui nous consume, il n’y a pas d’autres moyens que de recommencer. Le sang appelle le sang. Les meurtres se suivent et se répondent, en boucle. C’est l’éternel retour. Les morts eux-mêmes reviennent.
Cette œuvre sans concession s’adresse, je crois, à nos psychés de manière primitive. Elle ranime un trouble enfoui et inavouable. Pour raconter ce grand archétype : l’être humain face au temps. Nous avons voulu un espace très pur et débarrassé du superflu, le plateau nu, baigné dans un clair-obscur propice aux apparitions et aux fantasmes.
Le plateau est ce lieu où l’on retourne le gant de nos consciences, on y observe l’intérieur à l’extérieur. L’espace scénique du spectacle – très resserré dans un dispositif multi frontal – se fait écrin d’une cérémonie païenne, inquiétante et jubilatoire La tragédie du passage à l’acte qui condamne à l’infini présent ne doit pas voir le jour. Elle est un secret qu’il faut bien garder. Macbeth dévoile nos monstres intimes, nos désirs les plus noirs, nos ressources les plus puissantes…

Clément Poirée

avec Bruno Blairet, Eddie Chignara, Pierre Lefebvre-Adrien, Louise Grinberg, Anne-Lise Heimburger, Matthieu Marie, Laurent Menoret et Céline Milliat-Baumgartner scénographie Erwan Creff assisté de Caroline Aouin lumières Kelig Le Bars assistée de Edith Biscaro costumes et marionnettes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy musiques et son Stéphanie Gibert maquillages et coiffures Pauline Bry collaboration artistique Nicolas Tejera assistée de Pauline Labib régie générale Farid Laroussi régie Laurent Cupif, Michael Bennoun, Thibaut Tavernier habillage Emilie Lechevalier, Solène Truong diffusion Guillaume Moog presse Pascal Zelcer.

production Théâtre de la Tempête, subventionné par le ministère de la Culture, avec le soutien de l'Adami et la participation artistique du Jeune Théâtre national.

Biographies

Création de la Tempête