Saison 2009 - 2010

« Je peux aimer
et comment
exige de moi tout ce que tu voudras
ma vie, mes yeux
Je peux me fâcher
ma bouche n’écumera pas
mais la colère du chameau n’est rien à côté de la mienne
ma colère, non ma haine
Je peux comprendre
très souvent à vue de nez
c’est-à-dire percevant l’odeur de ce qui est le plus lointain, le plus obscur
et je peux me battre
pour tout ce que je trouve vrai, juste, beau
et pour tout le monde
mon âge et mon image n’y peuvent rien
mais voyez-vous depuis longtemps j’oublie de m’étonner
l’étonnement aux yeux ronds, grands ouverts, éperdument jeune
m’a abandonné
Dommage. »
Quel dommage en effet !
C’était Nâzim Hikmet en 1963, le temps d’un poème, d’un soupir, d’une angoisse. Comment poursuivre sinon ? Où puiser la force et l’élan ? Et que ferions-nous au théâtre sans cette capacité d’éprouver et de transmettre cet étonnement aux yeux ronds, si éperdument jeune ?
À l’orée de cette nouvelle saison que nous avons conçue dans cet esprit, je nous souhaite à tous, artistes et spectateurs, de retrouver et partager une fois encore ce don d’enfance : l’étonnement !
Philippe Adrien
Poetry Event - Carolyn Carlson
de Nâzim Hikmet
chorégraphie Carolyn Carlson
mise en scène Philippe Adrien