Saison 2003 - 2004
C'EST À L'HEURE du déjeuner sous l’auvent du Théâtre de la Tempête que nous apprenons l’annulation du Festival d’Avignon. Une fois encore nous discutons de la situation actuelle et de la suite à donner au mouvement : quelle place pour la culture, le spectacle vivant, et l’art du théâtre dans cette société ?
Il est maintenant 16h, curieusement il fait plutôt frais dans la grande salle de la Tempête… le sol si lisse… ni gradin, ni rideau : l’espace vide. Ils sont quelques-uns dans la pénombre, des comédiens, oui, de ces travailleurs intermittents qui, faute d’être entendus, sont aujourd’hui en grève.
Je me rappelle Bruno Netter, acteur désormais aveugle : « le désir de théâtre ne connaît pas la nuit. » Le désir de théâtre ne cesse pas, il ne cède pas. La plupart des comédiens n’ont d’autre envie que de jouer. Pas spécialement pour le public, entre eux. C’est très particulier. Pour ma part, je ne me lasserai jamais de les regarder, de les accompagner dans cette quête de la poésie scénique. Ma folie peut-être, mais je demeure convaincu que le meilleur de ce qui peut advenir sur la scène vient d’eux, de leurs jeux . En cet après-midi, ils préfèrent jouer sans paroles – la pantomime – avec un peu de grommelot ou quelque chanson… maquillages et vêtements disparates…
Celle-ci en garçon avec de grandes oreilles, celui-là déguisé en pansement ; tel autre danse le tango avec une grande poupée de chiffon… Et quantité de petits objets : cage à oiseaux clignotante, briquet en forme de coeur, oeuf, perceuse électrique, et ombres projetées sur le mur… Tout est très joli, très délicat, gracieux, et surtout fragile.
Nous nous battons et nous nous battrons pour préserver cette liberté de création.
Philippe Adrien
L'Ivrogne dans la brousse (reprise)
d'après Amos Tutuola
adaptation et mise en scène Philippe Adrien
Cadavres Exquis
d'après le répertoire du Grand-Guignol
mise en scène Philippe Adrien et Geneviève de Kermabon
Comment on devient ce que l'on est
d'après Ecce Homo de Nietzsche et L'Apocalypse de Jean
mise en scène Gilbert Tiberghien